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Le mentorat ou la machine à motivation

Le mentorat est l’objet d’une attention spécifique au sein de nos deux clubs

Les membres de Toastmasters ont toujours eu l’habitude de se soutenir et de s’encourager mutuellement par le biais du mentorat. Ce dernier constitue une expérience bénéfique pour le mentoré comme pour le mentor. Fidèles à cet esprit, nos deux clubs Toastmasters ont lancé récemment un programme de renforcement du mentorat.

Dans cet article, nous allons parler de la place du mentorat dans l’apprentissage Toastmasters. Nous évoquerons une nouvelle approche de mentorat, l’entretien motivationnel. Enfin nous donnerons quelques clés pour l’utiliser concrètement.

A quoi sert le mentorat ?

Chez Toastmasters, un membre progresse en fonction de son assiduité aux réunions. Il doit aussi préparer des discours. Cela demande certes du temps, mais surtout de la MOTIVATION.

Après leur adhésion, les nouveaux membres sont en général très motivés. Ils évoquent souvent leurs désirs de progresser (par ex. « je souhaiterais être plus à l’aise en réunion ») ou leurs besoins (par ex. « on vient de me promouvoir. On m’a dit que je dois m’améliorer en communication »). Ils ont aussi de bonnes raisons de participer (par ex.  « grâce à Toastmasters, j’aurai davantage confiance en moi »). La dynamique de groupe joue à plein par effet de contagion (« s’il y arrive, pourquoi pas moi? »). Ou par imitation des autres membres (« tiens c’est un truc que je pourrais essayer moi aussi »). Le rôle du mentor est de l’aider à passer immédiatement à l’action. Pour cela, il donne au mentoré l’information dont il a besoin pour éviter les frustrations de départ.

Cependant, il arrive parfois, qu’après les premières réunions, le nouvel adhérent éprouve des sentiments plus mélangés. Ainsi, le mentor entend des phrases comme « Je veux participer quand ça me chante ». Ou bien « Je n’arrive pas à éviter les hésitations ». Ou encore « Je dois maintenant concentrer mon énergie à d’autres projets que Toastmasters ».

S’il commence à manquer des réunions, le membre a l’impression que d’autres, arrivés après lui, sont meilleurs. Il devient ambivalent. Le rôle du mentor est alors d’accompagner le mentoré à surmonter cette ambivalence.

surmonter ses doutes

Dans un club Toastmasters, les mentors ont acquis une telle expérience, en participant à des réunions ou à des concours, qu’ils croient bien faire en partageant cette expérience avec leurs mentorés. Chemin faisant, ils emploient souvent un langage directif (« vous devez », « il faut », « vous vous êtes engagé ») et donnent de l’information non sollicitée dont regorge la communauté Toastmasters. Cela s’appelle le réflexe de l’expert.

C’est souvent CONTREPRODUCTIF. En effet, donner des conseils, qui plus est non sollicités, élargit le décalage entre la perception de l’expert/mentor et celle du mentoré. Il pousse ce dernier à adopter, à contre-cœur, un comportement auquel il n’est pas encore prêt. Car, spontanément, un individu se fait confiance, y compris dans ses propres doutes. Lui donner des injonctions restreint sa liberté et diminue la confiance qu’il s’accorde à lui-même. En psychologie, ce phénomène est connu sous le nom de réactance.

L’entretien motivationnel POUR y arriver

L’entretien motivationnel a justement été conçu pour aider une personne à explorer et résoudre son ambivalence sans déclencher de réactance. Il s’agit d’une conversation collaborative permettant à la personne d’exprimer ses motivations et de renforcer ses capacités de changement. De nombreux domaines utilisent cette approche, dans la santé (traitement des addictions, auto-gestion des maladies chroniques), la justice (comme précurseur à des traitements de comportements violents) et le travail social (insertion professionnelle, orientation des adolescents). Elle est parfaitement adaptée pour le mentorat.

Le principe cardinal de l’entretien motivationnel est de développer une relation empathique, centrée sur la personne pour lui permettre d’explorer et de résoudre son ambivalence. Pour cela, la conversation évolue en plusieurs étapes vers cette résolution :

  • Tout d’abord, établir une relation de confiance
  • Ensuite, se concentrer sur un objectif accepté voire même suggéré par le mentoré
  • Puis, évoquer l’ambivalence du mentoré par rapport à cet objectif pour l’approfondir et faire émerger le langage de changement
  • Enfin, le responsabiliser pour passer à l’action
L’entretien en pratique

Au cours d’un entretien motivationnel, le mentor est amené à utiliser 5 outils conversationnels très simples. Ils correspondent chacun à une lettre de l’acronyme OuVERD :

  • Poser des questions Ouvertes. A la différence des questions fermées auxquelles on répond par oui ou par non, elles permettent au mentoré de développer sa réponse. Par exemple “Pour quelles raisons voulez-vous vous améliorer en communication ?”, “Comment pourriez-vous vous y prendre pour y arriver ?”, “ ou bien “Et maintenant que pensez-vous faire ?”
  • Valoriser les forces, les valeurs et les efforts du mentoré. Cette technique est familière au Toastmaster car il l’utilise fréquemment pour ses évaluations. Elle augmente la confiance en soi du mentoré.
  • Ecouter en reflet pour vérifier qu’il a bien compris le mentoré. Cette technique est au cœur de l’empathie. Elle consiste à répéter ce que vient de dire le mentoré. Les reflets peuvent être simples, en paraphrasant ce qui vient d’être dit, double, en reflétant deux assertions qui semblent se contredire, exagéré, en amplifiant volontairement le reflet ou hypothétique, en émettant une supposition qui complète la parole de la personne. Ces reflets ont pour but de permettre à la conversation de se développer et d’explorer toutes les facettes de l’ambivalence, en suscitant un discours-changement
  • Résumer de temps en temps, pour rappeler le discours-changement exprimé par le mentoré
  • Donner de l’information en demandant la permission au mentoré et à condition que cela corresponde à un besoin. Cela a pour but de ne pas déclencher le réflexe de l’expert
Pour aller plus loin

Un mentor efficace donne les bonnes informations au bon moment et aide le mentoré à surmonter ses doutes. En cela, l’entretien motivationnel améliore la relation mentoré-mentor, la rendant moins directive et favorisant l’autonomie.

Venez donc nous rendre visite lors d’une prochaine réunion pour constater les bénéfices du nouveau programme de mentorat de nos deux clubs Toastmasters.

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La dramaturgie appliquée à l’art oratoire

Depuis la nuit des temps, la dramaturgie a créé nombre d’œuvres au théâtre ou au cinéma. Elle peut aussi rendre un discours plus efficace

N’importe quel orateur un peu expérimenté le sait. Un bon discours se doit de capter immédiatement l’attention de l’auditeur. Il doit soutenir celle-ci dans la durée pour rester dans les mémoires. C’est, finalement, la même chose qu’une bonne série Netflix qui repose sur un récit palpitant. Dans son livre La Dramaturgie, Yves Lavandier a recensé les principes auxquels obéit tout récit de bonne qualité dramatique.

Les applications vont du théâtre à la bande dessinée, en passant par le cinéma et, donc, les séries télévisées. Comment ces principes pourraient-ils aussi s’appliquer aux discours qu’on prononce dans les réunions Toastmasters?

Cet article présente les principes de la dramaturgie, son apport à la rhétorique et les règles pour « dramatiser » un discours.

Qu’est-ce que la dramaturgie?

Pour Lavandier, le récit dramatisé entraîne un personnage à la poursuite d’un objectif. En chemin, il rencontre des obstacles qui s’y opposent. Il en existe plusieurs variantes.

Ainsi, le voyage du héros dépeint les péripéties d’un homme ordinaire affrontant des obstacles extraordinaires. Ceux-ci contribuent à le rendre meilleur et, à travers lui, l’ensemble de l’humanité. La saga Star Wars a usé jusqu’à la corde ce type de récit.

Dans la tragédie, le héros progresse grâce à ses qualités. Puis ses propres défauts le conduisent inéluctablement à sa chute. Le destin d’Œdipe en est un modèle emblématique.

Pour les discours, la dramaturgie présente deux intérêts. Elle en renforce le caractère persuasif. Et elle en facilite la mémorisation pour le public.

DES EFFETS PROUVES

Les publicitaires utilisent souvent la persuasion narrative lorsqu’ils saupoudrent leurs messages de personnages sympathiques ou d’histoires drôles. Jennifer Edson Escalas de l’Université Vanderbilt a montré qu’un auditoire répondait plus positivement aux publicités sous une forme narrative plutôt que sous forme d’arguments en faveur du produit.

Une autre chercheuse, Mélanie Green, dans une étude de 2006, a montré que si on percevait une information comme factuelle, celle-ci réveillait l’esprit critique chez le récepteur. Si, en revanche, on la percevait comme une fiction, elle avait l’effet inverse. Les gens accepteraient les idées plus facilement lorsque leur esprit est en mode récit plutôt qu’en mode analytique.

De son côté, Chip Heath a demandé à ses étudiants de Stanford de prononcer un discours sur la criminalité. 63% des auditeurs se souvenaient des discours comportant des histoires. Et seulement 5 % se souvenaient de ceux avec des statistiques. Les histoires favoriseraient la mémorisation par les émotions qu’elles déclenchent.

La dramaturgie appliquée à la rhétorique

Si la dramaturgie enrichit un discours, comment l’utiliser à bon escient? L’art de raconter des histoires, quand il est appliqué à la rhétorique, obéit à ses propres règles.

Tout d’abord, un discours, par nature très court, doit être concis. L’introduction doit ramasser en quelques phrases la description du futur héros, son objectif et le déclenchement du récit. Pour susciter l’empathie du public, l’enjeu doit être clair et universel. Ensuite, la caractérisation des personnages ne peut qu’être schématique, par exemple en caractérisant le héros par son activité. La conclusion doit comporter une chute. Enfin, une bonne histoire doit converger vers un but, idéalement une vérité découverte par l’orateur.

Pour injecter de la dramaturgie, deux approches sont envisageables. Tout d’abord, l’approche descendante. A partir de la proposition du discours, l’orateur réfléchit aux histoires, personnelles ou non, qui pourront illustrer cette proposition. Ensuite, l’approche ascendante ; elle part d’une histoire captivante et en cherche un sens qui puisse devenir une proposition de discours. Une fois que l’histoire se dessine, sa qualité peut être améliorée grâce à une checklist avant de la détailler dans le plan du discours. Cette même checklist peut s’utiliser pour évaluer, en vue de l’améliorer, un discours existant sous l’angle de la dramaturgie.

POUR ALLER PLUS LOIN

En conclusion, la dramaturgie rend un discours plus intéressant. Dans un prochain article, nous étudierons comment ces principes ont été appliqués (ou pas) à un discours humoristique. En attendant, si vous voulez écouter de bons récits dramatisés, venez nous rendre visite. C’est ici.

 

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Comment persuader avec Aristote ?

Ethos, logos et pathos sont les trois ingrédients indissociables d’un discours persuasif

Quand un orateur cherche à persuader son auditoire, il pense souvent que les arguments logiques suffiront à convaincre. Rien de plus faux !

« Quand bien même nous posséderions la science la plus exacte, il ne nous serait pas facile de persuader certains hommes en puisant notre discours à cette seule source » écrivait Aristote dans la Rhétorique, il y a 24 siècles.

Dans cet ouvrage, il livre les principes de l’ »art de bien parler ». En particulier, il nous fait comprendre qu’un discours persuasif est loin d’utiliser uniquement la raison. Il repose, en fait, sur trois registres bien différents : le logos, l’ethos et le pathos. Dans ce billet, nous allons éclairer ces trois notions et montrer quels moyens rhétoriques permettent de les mettre en scène.

Logos, ethos, pathos : de quoi s’agit-il ?

“Les preuves inhérentes au discours sont de trois sortes : les unes résident dans le discours lui-même, lorsqu’il est démonstratif, ou qu’il paraît l’être [logos], d’autres dans le caractère moral de l’orateur (ethos]; d’autres enfin dans la disposition de l’auditoire [pathos]” (Aristote, Rhétorique)

D’après le philosophe grec, il y a donc tout d’abord, le logos. C’est la démonstration, la dimension logique du discours. Elle sert à influencer l’opinion du public par la force des arguments, la clarté du message et la justesse des exemples utilisés.

Ensuite, le registre de l’ethos a trait au caractère moral de l’orateur, en tout cas à l’image qu’il présente de lui à son public. L’ethos vise à inspirer la confiance de l’auditoire en rendant crédible l’orateur. Ainsi, il convainc qu’il vaut la peine d’être écouté. Soit parce qu’il est une autorité incontestée ou, à défaut, qu’il est une personne agréable ou digne de respect.

Enfin, le pathos est la disposition de l’auditoire, c’est-à-dire la manière dont l’orateur perçoit son public, s’y adapte et s’adresse à ses émotions. Le pathos permet de placer l’auditoire dans de bonnes conditions émotionnelles. Par là même, l’orateur s’attire la sympathie de l’auditoire en suscitant chez lui des émotions.

Le discours persuasif est comme un cadeau que l’orateur offre à son auditoire. Son succès ne dépend pas que de l’objet offert (la démonstration, le logos), mais aussi de ce que l’auditoire pense de l’orateur (ethos) et de l’effet que l’orateur pense que l’objet fera sur son auditoire (pathos). Ces trois registres ne sont pas indépendants et doivent se mêler harmonieusement dans un discours persuasif réussi.

Les outils rhétoriques pour jouer sur ces trois registres

Nous avons décrit dans un autre billet les éléments caractéristiques d’un bon discours : une structure solide, un style adéquat, une voix qui soutient le discours et un langage corporel approprié. Voyons comment ces éléments s’agencent par rapport aux 3 domaines que sont le logos, l’ethos et le pathos.

Dans le registre du logos, l’orateur fait surtout appel aux arguments en faveur de la thèse qu’il défend. Un discours bien organisé permet d’enchaîner ces arguments avec logique. L’introduction lui permet d’exposer sa thèse dès le départ, tandis que la conclusion va permettre de la résumer. Entre les deux, faits, données chiffrées, preuves sont autant d’outils soutenant le message.

Pour ce qui est de l’ethos, c’est à dire la crédibilité de l’orateur, le sujet du discours doit être en phase avec l’expertise de celui qui s’exprime. En même temps, la prise de parole doit être l’occasion de mettre en évidence des valeurs partagées entre le public et l’orateur. Ainsi, une connivence entre l’intervenant et son public se crée. L’introduction a pour rôle de donner immédiatement du crédit au discours et à son auteur. Une structure bien lisible va permettre aux auditeurs, qui en sauront gré à l’orateur, de le suivre facilement. Sur le plan vocal, la qualité de la voix est fondamentale pour asseoir l’ethos et véhiculer enthousiasme et assurance. Celui qui prend la parole aura à cœur de parler sans hésitations. Enfin, les geste amples et exempts de nervosité témoignent de la confiance en soi de l’orateur.

Pour le pathos enfin, le choix d’un sujet adapté au public permet de le captiver. L’introduction doit marquer les esprits et attirer l’attention immédiatement, si possible en maniant l’émotion (par exemple la colère ou l’humour). Des mots bien choisis et des images qui ont appel aux 5 sens susciteront l’émotion. L’art du récit, avec la dramatisation qui l’accompagne, est un instrument fondamental pour transmettre l’émotion et maintenir l’attention de l’auditoire. La variété vocale permet d’éviter la monotonie tandis que le langage corporel souligne les moments critiques sur le plan émotionnel.

Pour aller plus loin

L’ethos et le pathos sont donc les compléments indispensables au logos pour réussir un discours persuasif. Dans un prochain billet, nous montrerons comment Steve Job dans son discours inaugural à l’Université de Stanford parvient, en jouant sur ces trois registres, à convaincre les étudiants de suivre leur passion.

Vous voulez observer des orateurs de chair et d’os prononcer des discours persuasifs de qualité ? Venez donc nous rendre visite lors d’une des prochaines séances de notre club Toastmasters. C’est ici.

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Comment persuader avec Aristote…et Steve Jobs ?

Ethos, logos et pathos sont les trois ingrédients qu’utilise à merveille le fondateur d’Apple

Faut-il suivre la voix de la raison ou celle de ses passions au moment de choisir un métier ? Quel est l’impact de la perte, de l’échec et de la mort dans cette décision ? Dans ce discours de remise des diplômes, Steve Jobs, le créateur d’Apple, répond brillamment à ces questions complexes, de portée philosophique, éthique et psychologique.

Il cherche à convaincre les jeunes diplômés de Stanford de choisir un métier d’après le cœur plutôt que la raison. Pour cela, il manie les 3 méthodes de persuasion décrites par Aristote  que sont le logos, le pathos et l’ethos. Et c’est aussi passionnant qu’un dessin animé Pixar !

Le logos – colonne vertébrale du discours

Jobs emploie un discours très structuré en 5 parties : une introduction, 3 parties correspondant à 3 moments de sa vie personnelle et une conclusion. Il rappelle cette structure à chaque transition. Ainsi, il conduit ses auditeurs par la main, avec le numéro de l’histoire et un titre (par exemple, « connecter les points »).

Son message principal est « Faites ce que dicte votre cœur, votre intuition, votre voix de l’intérieur ». Deux arguments principaux étayent ce message. Le premier est que suivre son envie est la seule façon de faire du bon travail. Le second est que la vie est trop courte pour ne pas la vivre intensément.

Les trois histoires personnelles illustrent à merveille les deux arguments. Ainsi, les cours de calligraphie en candidat libre lui ont donné l’idée de l’interface graphique du Mac. Il a ainsi révolutionné l’informatique personnelle. Au passage, il accuse Bill Gates de Microsoft d’avoir copié Apple. Ensuite, son licenciement d’Apple lui a permis de continuer à faire ce qu’il aimait. Il a alors créé Pixar, puis  Next qui a contribué à la renaissance d’Apple. Enfin, l’expérience de la mort imminente lui a fait savourer tous les instants de sa vie.

Malgré tout, le discours est peut-être trop riche en messages secondaires, utilisés de manière artificielle, par exemple pour donner un titre à une histoire. Ainsi, que vient faire le « Connecter les points » au-delà d’évoquer la calligraphie ?

L’ethos de Steve Jobs – en phase avec son discours

« Je n’ai jamais terminé l’université. En réalité, je n’ai jamais été aussi proche de la réception d’un diplôme qu’aujourd’hui », dit-il au début de son discours, affirmant un ethos paradoxal. D’une part, son renoncement à l’université lui enlève toute crédibilité pour parler de l’importance de l’éducation supérieure à de jeunes diplômés. Mais d’autre part, comme il le montrera plus tard, son expérience personnelle, à trois moments de sa vie, le rend plus crédible pour évoquer son message principal (« suivez votre passion »).

Les histoires, tirées de sa propre existence, celle de l’enfant adopté, celle de l’entrepreneur congédié à 30 ans et celle du survivant du cancer, lui permettent d’incarner un discours qui, sinon, serait resté théorique.

Il maintient la connivence avec son public en le flattant tout d’abord (« Stanford, l’une des meilleures écoles du monde ») puis en mettant les rieurs de son côté (« Même ceux qui veulent aller au paradis ne veulent pas mourir »)

Sa voix est ferme et sans hésitation, son contact visuel affirmé. Tout respire en lui la confiance. Le ton général m’a cependant semblé parfois manquer d’empathie

Le pathos installé par la dramaturgie de ses récits

Chacune des trois histoires met en scène un drame. D’abord, le bébé inattendu, la famille d’accueil qui se récuse, et la promesse rompue d’un diplôme universitaire. Puis, l’entrepreneur porté aux nues et licencié du jour au lendemain. Finalement, le personnage face à la mort. A chaque fois, Jobs oscille entre les plus hauts sommets et l’abîme le plus profond.

Sa narration fait souvent appel à l’émotion comme, par exemple, les larmes des médecins découvrant que son cancer est curable. Son sens indéniable de la formule (« le remède était amer, mais c’est ce dont le patient avait besoin », « Un jour ce sera votre tour de laisser la place », « Ne vivez pas la vie d’un autre » et « Stay hungry, stay foolish ») renforce encore l’impact émotionnel. Enfin, sa voix au débit rapide ne laisse aucun répit au spectateur.

Une dernière caractéristique éminente du discours réside dans la fusion des trois registres d’Aristote selon un motif répété à 3 reprises. Tout d’abord, un titre (« connecter les points ») identifie la partie. Puis, une anecdote personnelle mêle ethos (par exemple, « j’ai quitté la fac après 6 mois ») et pathos (par exemple, l’arrivée chaotique d’un bébé non désiré). Viennent enfin les enseignements qu’il a tirés de son expérience (logos). La variété des situations rompt la monotonie de ce qui pourrait n’être qu’un procédé.

Pour aller plus loin

Logos, ethos, pathos: vous en voulez encore? Venez donc nous rendre visite lors d’une prochaine réunion. C’est ici.

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Communication Toastmasters

SpeechCraft, un outil pour créer de nouveaux clubs

Ce produit dérivé de la méthode Toastmasters a permis de former de nouveaux clubs d’entreprise

En plus de la méthode Toastmasters qui permet la tenue de réunions où les adhérents de club pratiquent la prise de parole en public, il existe un offre dérivée appelé SpeechCraft. Il s’agit d’une formation en 4 à 8 séances organisées comme des réunions traditionnelles avec, en plus, des séquences éducatives, où des formateurs enseignent par exemple l’improvisation ou l’évaluation.

Nous allons découvrir dans ce billet, comment le club Etincelle l’a utilisée pour accélérer la formation de nouveaux clubs.

ACCÉLÉRER LA CROISSANCE GRACE A SPEECHCRAFT

Un club nouveau fait souvent face à une difficulté de taille. Comme ses membres débutent tous en même temps, ils peinent à maîtriser toutes les subtilités de la méthode qui ne s’acquièrent qu’avec le temps. Cela freine l’essor du nouveau-né qui a du mal à atteindre rapidement la masse critique d’adhérents pour être viable. On considère en effet qu’il faut une trentaine de membres pour remplir tous les rôles d’une soirée avec trois à quatre discours par réunion.

L’intérêt de SpeechCraft est de former en quelques séances les membres de la première heure à la méthode Toastmasters. Ce faisant, ils seront capables, à leur tour, d’accueillir et de former de nouveaux membres. Le club Etincelle l’a utilisée pour accompagner la création de trois nouveaux clubs d’entreprises. Pour cela, il s’est appuyé sur une équipe d’une demi-douzaine de personnes, Toastmasters expérimentés qui connaissaient bien l’association et étaient capables d’en enseigner les modules éducatifs.

DES RÉSULTATS POSITIFS

Sur les trois clubs, Toastmasters International en a officiellement labellisé deux. Ils avaient en effet atteint le seuil minimum de 20 membres, en 4 mois pour l’un et 7 mois pour l’autre. Le premier comptait, 6 mois après sa création, déjà 35 membres !

Le troisième disposait d’une dizaine de membres formés à l’issue du training. Cependant, il peinait à attirer de nouveaux membres du fait de la dispersion des employés de la société dans toute la région parisienne. Ceux-ci devaient faire de longs déplacements pour assister aux réunions, ce qui en a découragé beaucoup.

QUELS ENSEIGNEMENTS ?

SpeechCraft peut accélérer le développement d’un club. En assurer la pérennité à long terme requiert deux conditions supplémentaires. Premièrement, le club doit mettre en place un bureau solide, idéalement avant même sa création. Pour cela, un minimum de 3 personnes est nécessaire. A titre d’exemple, le club qui n’a pas décollé ne disposait que d’une seule personne impliquée dans le fonctionnement du bureau.

D’autre part, le club doit continuer d’être accompagné sur une période de plusieurs mois. Pour cela, Toastmasters propose des sponsors, adhérents expérimentés d’un autre club. Ceux-ci acceptent cette mission dans le cadre de leur parcours chez Toastmasters.

SpeechCraft apporte deux bénéfices supplémentaires. Tout d’abord, cette formation peut être rémunérée (de 600€ à 900€ selon le nombre de séances). Si une telle somme ne peut en aucun cas servir à rémunérer les intervenants, tous bénévoles, elle donne au club qui a fourni les formateurs des ressources supplémentaires pour investir (video, publicité sur les réseaux sociaux, …). Le second avantage est de donner l’occasion aux membres les plus expérimentés du club d’améliorer leurs compétences en devenant formateurs.

POUR ALLER PLUS LOIN

Envie d’en savoir plus sur la manière dont Toastmasters pourrait vous aider à progression en communication ? Venez assister à une de nos soirées. C’est ici.

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Communication Internet Toastmasters

Comment se passer de papier lors des réunions ?

Dans cet article, nous allons apprendre à utiliser l’application gratuite sli.do pour voter et pour donner des retours aux orateurs de la soirée

Voter pour le meilleur orateur est un des petits plaisirs d’une séance. En plus, donner des retours sur une prise de parole permet à l’orateur de progresser. Or, jusqu’à l’irruption du COVID, nous avions l’habitude de voter et d’écrire ces appréciations avec des bulletins en papier. Tout cela a été remplacé par une application efficace et néanmoins gratuite, sli.do, qui remplace avantageusement le papier.

Dans les vidéos qui suivent, nous allons vous montrer comment utiliser l’application.

AVANT LA RÉUNION

C’est en général l’huissier du club qui a la charge de piloter votes et retours. Pour cela, avant la réunion, il lui faut, si ce n’est déjà fait, ouvrir un compte gratuit sur sli.do. Ensuite, il n’aura plus qu’à créer le sondage pour les votes et les retours. Pour cela, il pourra s’aider du programme de la réunion sur EasySpeak afin de saisir les noms des orateurs et des évaluateurs.

PENDANT LA RÉUNION

Au moment des improvisations, l’huissier saisit les noms des candidats. A la fin de la session, il lance le sondage pour la meilleure improvisation en communiquant au préalable le n° du sondage que saisiront à leur tour les participants de la réunion dans la fenêtre slido de leur navigateur.

Ensuite, pour chaque discours, il lance le questionnaire de saisie des feedbacks du public et, s’il y a au moins trois discours, les votes pour le meilleur discours et la meilleure évaluation.

APRÈS LA RÉUNION

Après la réunion, il n’a plus qu’à récupérer les commentaires du public et les envoyer à chaque orateur par mail.

POUR ALLER PLUS LOIN

Bien sûr, cet outil n’est qu’un modeste élément d’une réunion. Envie d’en savoir plus sur nos séances et comment elles peuvent vous aider à mieux communiquer ? Contactez-nous ici pour assister à une prochaine réunion. C’est ici.

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Bien utiliser Zoom pour réussir vos réunions virtuelles

Être le Zoom master d’une soirée Toastmasters à distance est facile à condition de maîtriser les fonctions avancées de cet outil versatile

L’application de visioconférence Zoom a permis à nos clubs de poursuivre les réunions hebdomadaires pendant plusieurs mois de pandémie. Cet outil est maintenant rentré dans les mœurs. En conséquence, tout orateur digne de ce nom se doit de le domestiquer. Aussi, même après la fin de l’épidémie, quand nos réunions en présentiel ont repris, nos adhérents ont demandé à conserver une réunion virtuelle mensuelle.

Dans ce tutoriel, nous allons apprendre à organiser le déroulement d’une réunion Toastmasters sur Zoom

AVANT LA RÉUNION

Pour planifier es réunions Zoom, nos clubs ont créé un rôle de Zoom master (ZM) qui est responsable de l’outil. Sa première tâche consiste à programmer la réunion Zoom. Pour cela,  il utilise le compte payant des clubs, dont le login est à demander au Président ou VP Formation d’un des deux clubs. La vidéo ci-dessous, extraite d’une formation à Zoom, explique les étapes à suivre.

Préparer les votes du public à l’avance permet de décharger le ZM pendant la séance. Il s’agit des votes pour la meilleure improvisation et, s’il y a au moins trois discours, de ceux du meilleur discours et de la meilleure évaluation.

Un conducteur de réunion tel que celui-ci facilitera la vie lors de la réunion, car il est facile d’oublier une étape, comme par exemple enregistrer la réunion.

Enfin, juste avant les réunions, préparer le programme pour le télécharger en début de réunion est très recommandé.

PENDANT LA RÉUNION

En début de séance, renommer les invités (“Invité(e) – Prénom” ) soulage l’animateur en localisant facilement tous les invités.

Renommer facilite aussi la création de la salle qui servira au VP RP pour animer la séance de questions/réponses avec les invités lors de la pause.

L’enregistrement de la réunion dans le cloud permet de garder la trace des prestations avec l’orateur en plein écran. Cela permettra à ceux qui ont prononcé un discours ou effectué une évaluation de recevoir le clip de leur prestation.

Le ZM télécharge le programme de la soirée préparé avant la réunion pour permettre de suivre la séquence des interventions. L’animateur de soirée, l’évaluateur général et le chronométreur pourront ensuite s’y référer.

Au cours de la soirée, le ZM lancera plusieurs sondages pour recueillir les votes du public.

Enfin, le ZM prépare la salle de réunion pour les invités et la démarre juste avant la pause.

POUR ALLER PLUS LOIN

Grâce à ce tutoriel, tout le monde dans un club peut tenir le rôle de Zoom master. Venez assister à une de nos réunions virtuelles (ou réelles). C’est ici.

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Christiane Taubira: une érudite qui parle à tout le monde

Christiane Taubira est une oratrice de premier ordre, même pour ses détracteurs. Nous avons passé un de ses discours emblématiques à la moulinette de l’évaluation Toastmasters

Candidate aux prochaines élections présidentielles, Christiane Taubira est reconnue comme une oratrice exceptionnelle, même par ses adversaires politiques. Pour s’en convaincre, nous allons analyser son discours du 23 Janvier 2013 sur le mariage pour tous. Nous utiliserons pour cela la méthode préconisée par Toastmasters, qui évalue un discours en fonction de l’objectif de l’orateur.


Nous allons d’abord analyser les buts de ce discours. Puis nous évaluerons ensuite les moyens déployés par la Ministre de la Justice de l’époque pour les atteindre, autour des 4 piliers de la rhétorique. Il s’agit du sens du discours, de son style, de la voix de l’oratrice et son langage corporel.

LES RESSORTS D’UN DISCOURS PERSUASIF

La loi sur le mariage pour tous ouvre les droits du mariage civil aux personnes de même sexe. En France, elle a fait l’objet de débats importants. Elle a d’ailleurs connu une opposition plus forte que dans d’autres pays européens. Dans ce discours d’ouverture du débat, Christiane Taubira veut persuader les députés de voter ce projet.

Quels sont les ressorts du discours persuasif ? Le projet n°9 de la méthode “Savoir Communiquer” de Toastmasters est justement consacré à ce type de discours. Un discours persuade grâce à la crédibilité de l’orateur. Celle-ci se fonde sur sa sincérité, ses connaissances ou sa conviction. De plus, l’orateur doit faire preuve de logique et apporter des preuves. Il doit aussi susciter de l’émotion. Enfin, il doit s’adresser aux partisans comme aux opposants de la thèse défendue.

DES ARGUMENTS POUR CONVAINCRE…

En appliquant cette grille, il est aisé de constater que le discours de Christian Taubira est convaincant pour trois raisons.

D’abord, il emploie un raisonnement logique . Le mariage civil a évolué au cours de l’Histoire depuis la Révolution, en allant vers toujours plus d’égalité des droits entre les citoyens. Il est donc naturel de poursuivre cette évolution en l’ouvrant aux couples homosexuels. Ainsi, le discours rappelle le caractère révolutionnaire du mariage civil. Il a en effet cassé le lien avec la religion et l’a ouvert progressivement à davantage de citoyens : protestants, non croyants, comédiens, … Auparavant le mariage était réservé à certaines religions et, avant tout, destiné à entériner la propriété et les possessions. Il est devenu une institution prônant l’égalité de tous les citoyens et la liberté: le mariage n’est plus soumis à une autorisation, source d’arbitraire. Il est simplement constaté.

…ET DESTINES A DIFFÉRENTS PUBLICS

Dans son allocution, elle cible ces arguments en fonction de l’auditoire. Les députés de la majorité, tout d’abord, afin de souder un groupe qui commençait à se fissurer, moins d’un an après l’élection de François Hollande. Pour cela, elle leur parle d’égalité, une valeur de gauche, en donnant à tous les mêmes droits (par ex. l’assistance mutuelle, la filiation) et les mêmes devoirs (par ex. l’interdiction de l’inceste et de la polygamie).

Ensuite, elle interpelle l’opposition pour la culpabiliser (“vos enfants, vos petits-enfants auront honte de vous”). Au passage, elle fait preuve de pédagogie vis-à-vis des parlementaires mal informés en rappelant l’histoire du mariage civil. Enfin, elle neutralise les indifférents en soulignant qu’il s’agit là d’une évolution naturelle.

Enfin, elle évite le procès en incompétence en mettant en scène sa crédibilité pour mener à bien le vote de ce projet de loi. Pour cela, elle émaille son discours de nombreuses références juridiques, invoque les mânes de Jean Carbonnier, haut magistrat expert du mariage. Surtout, elle parle sans notes ni prompteur : elle sait ce qu’elle veut !

UN STYLE ÉRUDIT ET POURTANT SOBRE

Par-delà la substance de ce discours très rationnel, elle parvient à en éviter la maladresse d’un discours froid et juridique par un style combinant érudition et parler simple propre à inspirer son auditoire. Elle manie avec élégance la valeur symbolique du mariage civil, source d’émancipation toujours plus large. Elle utilise judicieusement les citations, comme celle du recteur Carbonnier (“le mariage civil est la gloire cachée de la République”) ou dans sa conclusion, avec les mots du poète guyanais Leon Damas. Cette conclusion, fracassante, est propre à galvaniser les troupes (“Nous sommes fiers”).

Mais cette érudition, qui pourrait la couper d’un plus large public, est tempérée par des mots concrets, presque populaires, comme “entourloupe”, ou des anecdotes qui apportent de la variété à son propos, comme celle sur le mariage de l’acteur Talma, signe des “pratiques infâmes des acteurs de théâtre”.

UN LANGAGE NON VERBAL ÉNERGIQUE

A côté des mots, Christiane Taubira utilise le langage non verbal pour insuffler de l’énergie à ses convictions. En dépit de nombreuses références juridiques aux articles du code civil, elle parle sans notes. Cela lui permet de garder le contact visuel avec son auditoire et de conserver une posture bien droite, et non pas penchée vers le pupitre pour lire un papier. Sa voix témoigne de puissance et d’énergie, tandis que son visage est expressif quand elle fronce les sourcils ou qu’elle sourit face aux quolibets.

DES PISTES D’AMÉLIORATION ?

Alors, un discours parfait ? Presque. Car quelques améliorations mériteraient leur place dans ce discours important. D’abord, elle pourrait chercher à parler davantage aux Français et pas uniquement aux législateurs. En effet, le mariage pour tous a été l’occasion de nombreuses manifestations d’opposants conservateurs ; il eût été opportun d’élargir son propos au-delà de l’hémicycle et adopter une approche plus “grand public”. Un peu comme Churchill dans son discours à la Chambre (“Nous nous battrons sur les plages”) où il s’adresse à la fois au parlement et au monde entier, relayé par la presse.

De même, dans son accroche, elle pourrait remplacer la référence, un peu obscure, à Jean Carbonnier par la citation d’un personnage plus connu. Enfin, on peut déplorer quelques digressions, féministes, qui n’ont pas grand-chose à voir avec le sujet principal.

POUR ALLER PLUS LOIN

En conclusion, Christiane Taubira réussit à mettre le mariage pour tous en perspective, montrant qu’il est logique d’y souscrire si on est, comme la majorité d’alors, pour l’émancipation. Son érudition lui permet de transcender le genre du discours persuasif.

A ma connaissance, Madame Taubira n’est pas membre d’un club Toastmasters. Son éloquence en ferait une recrue de choix ! Vous souhaitez, vous aussi, progresser dans la communication ? Alors rendez-vous à une de nos prochaines séances !

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Comment bien organiser son discours (2ème partie) ?

La structure est l’élément essentiel d’un bon discours, qui en renforce l’efficacité. Voici l’approche pour mettre ses principes en pratique

Après avoir abordé les principes d’une bonne structuration dans l’article précédent, nous allons à présent détailler les 4 étapes pour bien structurer son discours.

PREMIÈRE ÉTAPE: RASSEMBLER LES IDÉES

Il est rare de commencer un discours sans aucune idée au départ. Tenir un journal où sont notées toutes les idées qui peuvent nous traverser l’esprit permet de disposer d’un solide capital de départ. De même un brainstorming favorise le jaillissement de la créativité. Pour cela, j’utilise très souvent une carte mentale comme celle-ci, faite par un de mes collègues anglophones. Ainsi, au centre, se situe le thème général du discours (ici la gestion du temps) et l’on place les premières idées à partir de ce point central. Puis, de fil en aiguille, les idées qui viennent spontanément trouvent leur place dans la carte. Avec un peu d’entraînement, un quart d’heure suffit pour générer quantité d’idées nouvelles.

DEUXIÈME ÉTAPE: DÉFINIR LA PROPOSITION DU DISCOURS

Comme nous l’avons vu précédemment, un bon discours se doit d’avoir une proposition que l’on va défendre, et qui constituera la colonne vertébrale du discours. Ainsi, démarrer par cette proposition est, pour l’orateur, un bon moyen d’éviter le vertige de la page blanche qui nous saisit quand on commence par l’introduction. Il sera toujours temps de rédiger celle-ci après coup.

Une bonne proposition, comme son équivalent grammatical, doit d’abord avoir au moins un sujet, un verbe et un complément. Ce n’est pas le cas, par exemple, pour “Mes vacances favorites”. En revanche, ça l’est pour “Mes vacances favorites m’ont appris à prendre des risques”.

Une bonne proposition ne doit être ni une évidence, ni une banalité. Deux questions permettent de la tester: “Ai-je besoin de moins d’une minute pour défendre ma proposition?” Si oui, c’est une banalité. “Peut-on défendre raisonnablement la proposition inverse ?” Si non, c’est une évidence. Ainsi, “Les glaces, c’est délicieux” est une banalité qui ne mènera pas d’élaboration intéressante, tandis que “Les glaces sont un des desserts les plus pratiques de l’été” permet de développer : quels sont les desserts de l’été ? Pourquoi la glace est-elle plus pratique que les autres desserts ? Et ainsi de suite.

TROISIÈME ÉTAPE: SOUTENIR LA PROPOSITION

Les idées venant du brainstorming aident à trouver les arguments qui viendront soutenir la proposition. Il s’agit d’en sélectionner entre trois et cinq. Se poser la question “Pourquoi la proposition est-elle vraie ?” est une façon de procéder. Ces arguments vont constituer les futures parties du discours.

Il y a quelques temps, j’ai préparé un discours sur le thème de l’amour. Pour cela, j’avais choisi la proposition “L’amour dure plus de trois ans, à condition d’y mettre les moyens”. Les idées ont été classées selon trois ressorts possibles de l’amour : physiologique, psychologique, poétique qui ont constitué les trois parties de mon discours.

QUATRIÈME ÉTAPE: ÉTAYER LES ARGUMENTS

Exemples, anecdotes, statistiques, concepts…, la liste est infinie pour étayer les arguments. Exemples et anecdotes apportent du concret, de l’émotion, au détriment cependant de l’universalité. Les statistiques donnent du sérieux à condition de les illustrer pour éviter leur aridité. Les concepts, eux, ont besoin d’être bien expliqués.

L’enchaînement de ces idées vient ensuite naturellement: il peut être logique dans le cas d’une démonstration, chronologique dans le cas d’un récit ou encore dialectique (thèse/antithèse/synthèse). Au terme de cette étape, il est possible d’ébaucher le plan du discours.

Pour reprendre l’exemple du discours sur l’amour, dans la partie sur la psychologie de l’amour, j’ai utilisé le livre d’un psychologue américain, John Gottman, qui a découvert une formule quasi-mathématique permettant de prédire si un couple va rester ensemble et qui en a déduit une série de principes.

Il ne reste plus qu’à passer à la rédaction, en commençant par l’introduction, puis la conclusion et en prenant garde aux transitions.

POUR ALLER PLUS LOIN

L’organisation de vos discours facilite la vie de votre public et les rend mémorables. Mettez fin au chaos de votre expression en structurant vos discours ! Et si vous voulez entendre des exemples de discours bien construits, alors n’hésitez pas à nous rendre visite.

 
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Comment bien organiser son discours ? (1ère partie)

La structure est l’élément essentiel d’un bon discours, qui en renforce l’efficacité. Voici les grands principes d’une bonne organisation de sa communication

Dans cet article et le suivant, nous allons apprendre comment bien structurer un discours pour le rendre mémorable. Nous détaillerons ici les principes d’une bonne structure et, dans le prochain article, la démarche concrète pour l’écriture de discours selon ces principes.

POURQUOI STRUCTURER ?

Pourquoi est-ce si important de bien structurer son discours ? Mettons-nous à la place de l’auditoire. L’auditeur doit comprendre ce que vous lui dites et il n’a, en général, que 5 minutes pour cela. L’organisation du discours va l’aider à s’orienter. Tout d’abord en captant son attention, dès le départ, dans l’introduction, et en la retenant tout au long du discours, au cours du développement de celui-ci.

Une bonne structure doit également permettre de hiérarchiser l’information et de faire le tri entre ce qui est important et ce qui est accessoire. Elle facilite aussi la mémorisation, à la fois pour le public qui retiendra plus facilement un discours bien construit, mais aussi pour l’orateur qui, s’il suit la structure, saura garder facilement le fil de sa parole. Enfin, la structure permet de renforcer le caractère persuasif du discours, en particulier si celui-ci est destiné à convaincre le public, par exemple avec des arguments logiques.

Quels sont les principes d’une bonne organisation d’un discours ? Toastmasters enseigne qu’ils sont au nombre de 4.

COMMUNIQUER, COMMUNIQUER, COMMUNIQUER

La communication, finalement, c’est très simple : vous annoncez ce que vous allez dire. Ensuite, vous le dites. Et enfin, vous dites que vous l’avez dit. Vous avez là les trois parties du discours, quelle que soit sa durée, qu’il s’agisse d’un improvisation de 1 minute, ou une intervention devant le Parlement d’une heure et demie : une introduction, un développement ou corps du discours et une conclusion.

LA BANDE-ANNONCE DE VOTRE DISCOURS

L’introduction est la bande-annonce de votre discours. Comme le “teaser” au cinéma, elle doit donner envie d’en savoir plus sans tout dévoiler. Tout d’abord, vous dites à votre public de quoi vous allez parler, de telle sorte que celui-ci, qui, a priori, ne vous connaît pas, puisse concentrer son attention sur votre sujet. Vous n’allez pas tout révéler, mais vous allez utiliser l’introduction comme une accroche vers le reste de votre discours.

L’introduction doit aussi montrer votre autorité à parler de ce sujet. Pourquoi êtes-vous crédible pour parler de ce sujet ? Pourquoi ce sujet vous intéresse-t-il ? Ce domaine est-il un hobby ? Comment avez-vous développé cette connaissance que vous allez communiquer à votre public ?

Pour finir, il est important de rester concis dans les introductions. J’ai, pour ma part, comme règle pratique de ne pas dépasser 10% de la durée totale du discours, c’est-à-dire pour un discours de 5′, pas plus de 30″ d’introduction.

UNE BONNE COLONNE VERTÉBRALE

Le corps du discours est comme un être humain. Il est doté d’une colonne vertébrale, la proposition du discours, le “point” comme disent les anglophones. Une proposition n’est pas le thème du discours, ni son sujet, encore moins son titre. C’est une phrase qui résume le discours et que l’orateur défend ou prouve.

Ce billet décrit en détail la méthode pour concevoir la proposition d’un discours. Sur cette colonne vertébrale de la proposition viennent ensuite s’articuler les os : ce sont les affirmations destinées à soutenir la proposition. Enfin, viennent les muscles : ce sont tous les arguments destinés à renforcer les affirmations: statistiques, exemples, citations, études, anecdotes…

GRAVER LE DISCOURS DANS LES MÉMOIRES

Gravez votre conclusion dans la mémoire du public, pour qu’ils se souviennent de vous. Pour cela, vous résumez ce que vous venez de leur dire. Vous lancez un appel à l’action, si le discours s’y prête, s’il est destiné à convaincre. Et vous terminez par une chute qui peut être un trait d’humour ou encore une citation.

POUR ALLER PLUS LOIN

Après avoir abordé les principes d’une bonne structuration, nous allons parcourir dans un prochain article les 4 étapes pour bien structurer son discours. Et en attendant, nous vous proposons de voir ces principes en action en nous rendant visite.