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De quel orateur Trump est-il le nom ?

Les observateurs raillent souvent le style de communication de Donald Trump. Ils ont tort

A nouveau Président en 2024 ? Malgré sa défaite après un mandat controversé, Donald Trump s’apprête à une nouvelle campagne présidentielle. Dans ce billet, nous nous intéressons à son style oratoire.

AU-DELÀ DES CLICHES

Les observateurs opposent souvent les styles de Trump et de son prédécesseur, Barack Obama, dans leurs discours en particulier. Souvent, les mêmes stéréotypes reviennent. Trump est un illettré face à un fin rhétoricien comme Obama. Son raisonnement est chaotique contre un argumentaire logique et persuasif. Il est paresseux face à un engagé. Enfin, il privilégie le clash face à un professionnel du storytelling.

Donald Trump n’a certes pas le souffle d’un Martin “J’ai fait un rêve” Luther King, ou d’un Charles “Je vous ai compris” de Gaulle. En conclure qu’il est piètre orateur serait hâtif. Au contraire, sa rhétorique, simple, est très efficace pour communiquer avec son public cible.

ATTEINDRE SON PUBLIC CIBLE

Quel est l’auditoire de Trump ? Son électorat consiste avant tout en partisans issus des classes moyennes inférieures. D’un modeste niveau d’éducation, ils éprouvent un fort ressentiment à l’égard des autres. Le sénateur, désormais trumpiste, J.D. Vance a particulièrement bien décrit ce monde de petites gens dans “Hillbilly elegy”.

Pour que ce public le comprenne, Trump utilise un langage simple qui le rend authentique et différent du reste de la classe politique. Ainsi, ses phrases regorgent davantage de mots courts, monosyllabiques, et comportent rarement des propositions subordonnées. Pour le démontrer, les experts ont passé ses discours à la moulinette du test Kincaid. Celui-ci évalue la complexité d’un discours en mesurant la longueur moyenne des mots et des phrases. Le résultat du test est un nombre qui correspond à un niveau scolaire. Ainsi, un enfant de niveau CM1 peut comprendre les discours de Trump, alors qu’il faut être en 5ème pour comprendre Hillary Clinton et en seconde pour Bernie Sanders. Pour la petite histoire, il faudrait être bac+5 pour comprendre les discours de Georges Washington…

D’autre part, Trump emploie beaucoup de mots terre-à-terre, prosaïques, comme le mur, ou le virus chinois par exemple. Il use de répétitions, faisant sienne la formule de Joseph Goebbels “Répétez un mensonge suffisamment longtemps, et les gens finiront par y croire”. Son expression est truffée de fautes de grammaire qui donnent l’impression de parler “peuple”. Ce faisant, il parle à ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, comme le sont nombre de ses électeurs.

LA simplicité AVANT TOUT

De fait, la simplicité est puissante, la simplicité est mémorable, la simplicité fonctionne. Trump donne à penser que la politique, en fait, c’est très simple : construire un mur, bombarder les ennemis, battre les adversaires. Trump accroît la proximité avec son public en l’interpellant souvent à la deuxième personne. Il parle sans note ni prompteur, maintenant un contact visuel permanent.

Il donne ainsi le sentiment qu’il ne déroule pas un script préparé par quelques technocrates dans une alcôve de Washington. Et ça marche parce que son auditoire veut qu’on lui confirme qu’il a raison d’être en colère et de rejeter la politique traditionnelle. Obama et Clinton, de leur côté, s’adressent à un public plus instruit, qui accepte d’être éclairé sur des sujets qu’il ignore, mais dont il perçoit la complexité.

TENIR LE PUBLIC PAR L’ATTENTION

En plus de cette simplicité, Trump a cette capacité de capter l’attention de son auditoire et de ne pas la lâcher. Il utilise pour cela plusieurs figures de style comme les images frappantes (“le mur”, “protéger les frontières”), les surnoms de brutes de catch dont il affuble ses adversaires (“Ron DeSanctimonious” pour son concurrent DeSantis le sentencieux, “Crooked Hillary” – Hillary la véreuse) ou des formules comme “Je n’aime pas me battre avec le pape”.

Même ses fautes de grammaire forcent ses auditeurs à se concentrer pour donner du sens à ce qu’il dit. D’ailleurs, il finit souvent ses phrases par des mots forts quitte à être incorrect grammaticalement. Quant au langage non verbal, il est parfaitement congruent avec le contenu du discours : une voix variée en rythme et en tonalité, qui claque un peu comme mitraillette, un corps qui occupe tout l’espace, avec les mains ouvertes. C’est la posture du mâle dominant prêt à en découdre.

POUR ALLER PLUS LOIN

Par la simplicité de son style et sa capacité à retenir l’attention, Donald Trump emploie efficacement la parole pour convaincre son public-cible qu’il est l’homme de la situation. Nous consacrerons un prochain article à analyser l’efficacité d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen par rapport à leur public.

En attendant, si voulez apprendre à évaluer la qualité d’une prise de parole, nous vous invitons à découvrir la méthode Toastmasters en assistant à l’une de nos prochaines séances. C’est ici.

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