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Psychologie

Comment se former à l’entretien motivationnel ?

L’apprentissage de cette approche riche en applications s’apparente plus à un compagnonnage qu’à une formation classique

Dans de précédents articles, nous avons vu l’intérêt de l’entretien motivationnel et son application au mentorat ou à l’insertion professionnelle. Cette approche, certes puissante, requiert cependant des intervenants bien formés.

Dans ce billet, nous allons donc aborder le thème de la formation en entretien motivationnel

Formation classique

Le point de départ dans l’apprentissage est sans doute la lecture du livre de Miller et Rollnick, les deux fondateurs de la méthode (“L’entretien motivationnel” 3ème édition). Cet ouvrage, très riche, explore toutes les facettes de l’approche motivationnelle.

Ensuite, il est utile de compléter cette lecture par une formation de base avec des formateurs aguerris. Celle de l’AFDEM (Association Française de Développement de l’Entretien Motivationnel) dure 3 jours et permet de pratiquer en groupe des exercices d’apprentissage comme par exemple des simulations d’entretien.

Néanmoins, même après une formation de qualité, le chemin est encore long pour acquérir les 12 compétences de l’EM recommandées par Miller :

  • Comprendre dans quel esprit l’EM est pratiqué : partenariat, non jugement, altruisme et évocation
  • Développer le savoir-faire et l’aisance dans l’écoute réflective et dans l’ensemble des savoir-faire OuVER centrés sur le client
  • Identifier les objectifs de changement
  • Échanger de l’information et fournir des conseils dans un style EM
  • Être capable de reconnaître le discours-changement et le discours-maintien
  • Faire émerger le discours-changement
  • Réagir au discours-changement afin de le renforcer
  • Répondre au discours-maintien et à la dissonance
  • Développer l’espoir et la confiance
  • Savoir décider de façon collaborative du moment et du contenu du plan d’action
  • Renforcer l’engagement
  • Intégrer l’EM dans d’autres savoir-faire et pratiques cliniques

Pour se perfectionner, Miller et Rollnick préconisent le tutorat.

LE Tutorat en entretien motivationnel

Il consiste à faire observer ses échanges comme intervenant motivationnel par d’autres personnes formées à la méthode.

Une de ces formules est l’intervision. Un groupe d’intervision se compose de 3 personnes. L’une d’elle joue le rôle du client en présentant une situation d’ambivalence comme par exemple “j’ai du mal à faire de l’exercice”. Un autre membre du trio joue le rôle de l’intervenant, celui qui mène l’entretien motivationnel pendant une dizaine de minutes. La troisième personne observe l’échange qu’on a enregistré. Ensuite, le trio réécoute l’enregistrement en notant ce qui paraît significatif. La dernière partie consiste à débriefer l’entretien sous la houlette de l’observateur : qu’est ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait différemment ? Quels enseignements en retirer ? Le billet ici détaille l’intervision.

Ce qui est important dans ces séances d’intervision, c’est ce qu’on n’a pas entendu dans la séance, car cela donne des pistes d’amélioration à tester dans le futur.

L’autre forme d’observation des échanges est la supervision où un expert de l’EM écoute les enregistrements d’un entretien réel pour donner son retour sur la qualité de l’intervention.

Une autre forme de tutorat est constituée par les forums d’échange où l’on discute sur des sujets tels que “comment puis-je me servir de l’EM dans telle situation ?”

L’AUTO-EVALUATION

En pratiquant le tutorat, l’apprenti en EM prend du recul par rapport à sa propre pratique. Il devient peu à peu compétent dans sa propre évaluation. Pour cela, il réécoute ses enregistrements et utilise les grilles de codage qui permettent d’objectiver la qualité de ces derniers. Tout d’abord, en comptant les reflets (R) simples ou complexes, par exemple ceux contenant une hypothèse. Puis en dénombrant les questions (Q), ouvertes ou fermées, et en calculant le ratio R/Q. Miller et Rollnick préconisent un ratio supérieur à 2 pour éviter de transformer l’entretien en interrogatoire.

L’intervenant peut également compter les occurrences de discours-changement (DC) et de discours-maintien (DM) et calculer le ratio DC/DM et son évolution dans le temps de l’entretien. Il se pose des questions comme “quand le discours-changement est-il apparu ?”, “quelle a été la réaction de l’intervenant après son apparition ?”

Enfin, il décompte les occurrences de langage non conformes à l’esprit de l’EM, comme donner son avis sans permission, se confronter ou bien argumenter. Il peut également noter les réactions du client à ce langage.

POUR CONCLURE

L’apprentissage de l’EM est un chemin sans fin tant on découvre de subtilité dans l’art de conduire un entretien. D’ailleurs, la recherche sur les mécanismes à l’œuvre dans l’EM progresse également, donnant de nouvelles perspectives d’évolution.

Finalement, l’intervenant en EM est comme un pianiste. Il sait quand il enfonce une touche, si la note est juste (discours-changement) ou fausse (discours-maintien).

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Insertion professionnelle Mentorat Non classé Psychologie

L’entretien motivationnel et le mentorat en insertion professionnelle

L’entretien motivationnel est une approche prometteuse accompagner les jeunes éloignés de l’emploi

Dans un article précédent, nous avons présenté l’entretien motivationnel (EM). Il s’agit d’un style de communication collaboratif destiné à aider une personne à adopter un nouveau comportement.

Dans ce billet, nous nous intéresserons à son utilisation dans le mentorat d’insertion professionnelle et à la façon de le mettre en œuvre concrètement.

Pourquoi UTILISER l’EM en orientation PROFESSIONNELLE ?

Se lancer dans une démarche d’insertion professionnelle demande de la motivation. Il faut se fixer des objectifs. Il faut aussi se persuader qu’on possède les compétences spécifiques au métier désiré, ou qu’on peut les acquérir. Enfin, il est nécessaire de se convaincre que cette recherche a du sens par rapport à ses propres valeurs. Il faut aussi effectuer des actions parfois déplaisantes (comme convaincre un interlocuteur de sa valeur professionnelle). Ou parfois même anxiogènes (comme contacter de parfaits inconnus).

DES PREUVES EMPIRIQUES

Shékina Rochat, une spécialiste suisse de l’orientation professionnelle, l’affirme : “l’EM permet d’amplifier les objectifs de la personne et les croyances qu’elle peut influencer son destin et gérer ses émotions”.

Cependant, à la différence de la santé, la recherche scientifique sur l’EM en insertion professionnelle est encore balbutiante. Les études de qualité méthodologique et avec des résultats convergents sont encore insuffisantes.

Néanmoins une étude récente menée par la psychologue néo-zélandaise Eileen Britt ouvre des perspectives. Elle a montré que des conseillers d’insertion bien formés à l’EM influençaient le langage de leurs bénéficiaires. Celui en faveur de la recherche augmentait très significativement par rapport à celui de l’inertie. Or, un tel pattern permet de prédire un changement effectif dans le comportement.

D’ailleurs, selon le chercheur Brad Lundahl, “pratiquement chaque fois que l’EM a été testé empiriquement dans de nouveaux domaines (par exemple, la promotion de la santé), il a montré des effets positifs et significatifs. Ainsi, nous n’avons probablement pas encore trouvé les limites des types de problèmes et de symptômes auxquels l’EM peut être valablement appliqué”.

Comment se déroule l’EM dans le contexte de l’orientation professionnelle

L’accompagnement entre mentor et mentoré peut être structuré selon les quatre phases de l’EM:

  1. Engagement dans la relation :

Un mentorat réussi, comme toute forme de collaboration, commence par l’établissement d’une relation de confiance entre le mentor et le mentoré. A ce titre, trois postures peuvent nuire à la création de ce lien : celle de l’expert qui conseille, celle de l’inquisiteur qui enferme la discussion dans un feu de questions/réponses et celle du magistrat qui juge. Ces trois attitudes suscitent peu ou prou de la résistance de la part du jeune.

Au contraire, pour bâtir une relation empathique, il est préférable d’adopter un comportement centré sur le jeune. Pour cela, il faut lui poser des questions avec parcimonie et, en tout cas, ouvertes. Refléter son discours montre qu’on est à l’écoute. Il est utile également de valoriser sincèrement ses actions et de suspendre son jugement.

  1. Focalisation :

Dans cette phase, le mentoré choisit, avec son mentor, une direction précise de changement.

Parfois, il existe plusieurs alternatives pour s’orienter (par ex. trouver un stage, rechercher un logement, trouver un moyen de garder son enfant). Dans ce cas, le mentor établit, de manière collaborative avec le mentoré, la liste des options. Il l’amène à prioriser ce qu’il souhaiterait faire en premier.

S’il n’y a pas d’option qui émerge clairement, il faut évoquer les préférences du mentoré vers un futur désirable.

  1. Evoquer l’ambivalence et la résoudre :

Une fois l’objectif choisi, l’évocation consiste à faire émerger les propres motivations du jeune vers cet objectif. Ce “discours changement”, pour reprendre la terminologie EM, se manifeste par des mots exprimant le désir (“j’aimerais…”), une compétence (“je me sens capable de…”), une raison (“je voudrais parce que…”) ou un besoin (“j’ai vraiment besoin de…”). Le discours-changement, en revanche, s’oppose à l’objectif. L’entretien motivationnel consiste à amplifier le discours changement et à affaiblir le discours maintien.

De multiples stratégies permettent de susciter le discours-changement. Par exemple, le mentor peut aider le jeune à identifier ses valeurs clés (indépendance financière, autonomie, etc.) et à mettre ainsi en évidence les écarts entre ces valeurs et sa situation actuelle. Une autre stratégie est de l’encourager à imaginer le futur selon qu’il s’engage dans le choix professionnel qu’il a en tête ou qu’il reste dans le statu quo. Ou de lui faire décrire le pire et le meilleur scénario possible pouvant survenir à partir de la situation actuelle de manière à accroître ses aspirations liées à la carrière.

  1. Passer à l’action

Une fois que le discours-changement atteint un niveau satisfaisant par rapport au discours-maintien, le jeune est mûr pour passer à l’action. Il est prêt à formuler un plan d’action précis, comme par exemple, “téléphoner à 6 personnes de mon réseau pour tester mon projet professionnel”. A cette occasion, le mentor peut approfondir cet engagement en lui posant des questions ouvertes comme, par exemple : “Cette initiative est intéressante. Pourriez-vous m’en dire plus ?”

POUR CONCLURE PROVISOIREMENT

Les preuves commencent à s’accumuler qui démontrent l’efficacité de l’EM dans le domaine de l’insertion professionnelle. L’EM est un outil puissant pour résoudre l’ambivalence inhérente aux choix d’orientation professionnelle. C’est la raison pour laquelle nous nous proposons de l’employer systématiquement dans les entretiens entre mentor et mentoré. Nous ne manquerons pas de tirer les leçons de son utilisation dans un futur billet.

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Communication Toastmasters

Comment tenir le rôle du maître du temps sur Zoom?

Dans une réunion Toastmasters, la maîtrise du temps est essentielle pour tous les orateurs. Le chronométreur assure cette fonction qui, avec Zoom, nécessite quelques adaptations

Un orateur efficace doit savoir s’exprimer dans un laps de temps déterminé. Pour cela, les membres d’un club Toastmasters s’appuient sur le chronométreur qui rythme leur prise de parole en faisant respecter une durée spécifique. Le chronométreur est aussi responsable du respect global de l’horaire indiqué dans l’ordre du jour de la réunion. Comment tenir ce rôle sur Zoom ?

Avant la réunion

La durée des discours préparés varie d’un court exposé de deux à trois minutes à un discours beaucoup plus long pouvant atteindre 20 minutes. Par conséquent, il revient au chronométreur de valider, avant le début de la réunion, la durée des discours présentés, par exemple en consultant le programme de la réunion sur EasySpeak. Il est conseillé d’imprimer le programme pour l’avoir sous les yeux en cas de besoin pendant la séance. Ainsi il pourra noter le temps de chacun.

Le chronométreur est aussi un orateur qui sera amené à présenter son rôle en séance. C’est pourquoi il est utile de rédiger une explication des durées avec les formules les plus claires possibles et de se les répéter. Cela permettra de rappeler les règles du chronométrage et le fonctionnement des signaux de couleur, en particulier à l’intention des invités.

De même, il peut aussi télécharger la grille des interventions qui l’aidera dans son rapport en fin de réunion.

Pour une réunion avec Zoom, et si l’ordinateur du chronométreur le permet, il est utile de télécharger les cartons du temps à utiliser comme fond d’écran sur Zoom. A défaut, il faudra utiliser des cartons réels de couleur vert, jaune et rouge.

Juste avant le début de la réunion
  • Se connecter au moins un quart d’heure avant la réunion pour effectuer les réglages.
  • (Si l’ordinateur le permet) Charger les cartons du temps dans Zoom. Pour cela, sur l’écran Zoom, enchaîner les opérations suivantes : Bouton “Arrêter la video” (en bas à gauche, la petite flèche) >Choisir un fond virtuel…>+> aller chercher les cartons vert, jaune et rouge téléchargés avant la réunion
  • Demander au Zoom master d’attribuer les droits de co-animation. De ce fait, le gardien du temps pourra mettre sa vignette en visibilité pour tout le monde, y compris, et surtout, pour l’orateur. En effet, il est souvent difficile de repérer le chronométreur, surtout s’il y a le nombre de participants fait déborder leurs vignettes sur plusieurs écrans
  • Tester le passage des fonds d’écran de couleur: Bouton “Arrêter la video”>Choisir un fond virtuel…> vert/jaune/rouge
  • Tester la mise en vedette de la vidéo : (en mode d’affichage Galerie) balayer sa propre vignette…Menu 3 points…Mettre en vedette. Pour sortir de ce mode, clqiuer sur annuler la video en vedette en haut à gauche
Pendant la réunion
  • Écouter attentivement chaque orateur et envoyer les couleurs de manière appropriée. Quand le temps minimum est atteint, passer l’arrière-plan en vert: Arrêter la video>Choisir un fond virtuel…> vert. Cliquer sur sa vignette (3 points horizontaux)…Mettre la video en vedette quelques secondes seulement, puis l’enlever pour ne pas gêner l’orateur.
  • Renouveler l’opération pour la couleur jaune (temps médian) et rouge (temps maximum)
  • Si le gardien du temps ne peut pas utiliser les fonds d’écran, utiliser des cartons physiques et penser à les GARDER levés jusqu’au passage de la couleur suivante. Sinon l’orateur risque de ne pas les voir.
  • Noter le nom de chaque participant et la durée exacte du discours, y compris pour les improvisateurs.
  • Lorsque l’évaluateur général demande de faire le rapport du temps, expliquer le rôle de chronométreur et annoncer le nom de l’orateur et la durée de son discours.
Pour aller plus loin

Vous trouverez ici une excellente vidéo de Patrice qui décrit le fonctionnement des couleurs sur Zoom.

En conclusion, le chronométreur contribue à rythmer les réunions et à les rendre plus intéressantes. Venez donc juger sur pièce ne nous rendant visite lors d’une de nos prochaines séances.

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Insertion professionnelle Mentorat

Le mentorat en insertion professionnelle

Le mentorat d’insertion professionnelle permet à des jeunes éloignés de l’emploi de surmonter les obstacles en travers de leur projet professionnel

Elle a 20 ans à peine et elle est déjà l’heureuse maman d’une petite fille d’un an. En revanche, son métier de coiffeuse ne satisfait plus Sarah. A la place, elle se verrait bien travailler dans une maternité comme auxiliaire de puériculture (AP). Le mentorat est là pour l’aider à transformer ce rêve en réalité. Dans cet article, nous allons parler de son rôle dans le domaine de l’insertion professionnelle.

Mentorat et insertion PROFESSIONNELLE : la théorie

En France, il faut six générations pour qu’une famille pauvre atteigne le revenu moyen contre 4,5 pour la moyenne des pays riches de l’OCDE. En effet, la catégorie socio-professionnelle des parents détermine en grande partie l’avenir des jeunes les plus défavorisés. Ceux-ci disposent de moins d’information sur leurs options d’orientation et s’autocensurent au moment de faire des choix. De ce fait, les plus fragiles arrivent désarmés sur le marché du travail et sont les premières victimes du chômage.

C’est le cas de Sarah. Elle a quitté le collège pour un CAP de coiffure qu’elle a obtenu au forceps. Pourtant, elle aspire depuis son enfance à travailler dans le soin, même si elle a dû en rabattre de sa prétention à devenir médecin.

En principe, ces jeunes bénéficient d’un accompagnement dans leur projet professionnel de la part des missions locales et de Pôle Emploi. Il consiste en premier lieu à les orienter vers le dispositif qui corresponde à leur besoin (contrats jeunes pour l’emploi, alternance, formation,…). Puis à les former aux techniques de recherche d’emploi (cv, entretiens, recherche de stage,…)

En complément de cet accompagnement, si le jeune le désire, un mentor lui est attribué. Concrètement, ce dernier fait bénéficier le jeune de ses conseils professionnels. Il est supposé apporter son expérience du monde du travail au jeune mentoré pour lui permettre de trouver un emploi pérenne à terme. Le mentorat est destiné à redonner confiance aux jeunes, lutter contre son auto-censure et élargir son champ des possibles.

Cela, c’est la théorie. Masi qu’en est-il dans la pratique ?

Le rôle du mentor en pratique

Revenons au cas de Sarah. Sa demande initiale était claire et parfaitement en ligne avec la mission du mentor. Elle voulait trouver un stage de découverte du métier d’AP dans une maternité. Ainsi elle pourrait conforter sa décision avant de se lancer dans un nouveau cycle de formation.

Pour l’aider, son mentor a d’abord mis à disposition son réseau en lui fournissant le contact d’une AP de métier. Une rencontre avec Sarah, pensait-il, lui permettrait de mieux connaître grandeurs et servitudes de ce métier et de continuer à réseauter jusqu’à trouver le stage convoité

Or, rapidement, Sarah a fait état de difficultés personnelles l’empêchant d’avancer. En effet, face à de médiocres conditions de logement, elle a dû déménager chez sa sœur, laissant son projet professionnel en plan. Elle s’est alors mise à chercher en priorité un nouveau logement. D’abord dans le privé, mais le coût d’une location excédait son budget. Puis dans le public, mais elle n’était pas prioritaire.

Elle a sollicité la mission locale qui n’a pu davantage l’aider. Sa conseillère était surchargée face à l’accélération du dispositif « garantie jeunes ». Sarah n’était d’ailleurs pas prioritaire pour cette assistance, car elle bénéficiait déjà du RSA du fait de son enfant.

Dans ce contexte, que pouvait faire le mentor? Il aurait pu en rester à sa mission d’origine, à savoir accompagner le projet professionnel de sa mentorée et attendre, pour cela, qu’elle ait résolu son problème de logement. Face au manque d’assistance de la part de la mission locale, il a décidé de l’aider à surmonter aussi cette difficulté personnelle qui l’empêchait d’aller au bout de son nouveau projet professionnel.

EN CONCLUSION

Certes, beaucoup de jeunes éloignés de l’emploi ont la chance de disposer d’un conseiller en mission locale qui les aide à résoudre leurs problèmes personnels. Pour d’autres qui ne bénéficient pas de cette aide, comme Sarah, le mentorat peut faire office de substitut.

C’est un moyen peu coûteux de les remettre sur des rails pour réaliser leurs ambitions professionnelles. Et leur donner l’occasion de découvrir leurs propres ressources et de devenir autonome. Pour ceux-là, le mentorat doit être plus qu’une simple expertise professionnelle. Il doit se donner l’objectif de permettre au mentoré de surmonter les difficultés qui se dressent sur son parcours professionnel.

Dans un prochain billet, nous verrons comment l’approche motivationnelle peut servir une telle mission élargie du mentorat.

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Communication Mentorat Toastmasters

Comment accompagner efficacement la création d’un club Toastmasters? (2ème partie)

Dans cet article, nous allons décrire en détail le processus d’accompagnement présenté dans la première partie de ce dossier

L’accompagnement SpeechCraft  pour créer un nouveau club se déroule en plusieurs phases successives.

VEILLER AU NOMBRE ADÉQUAT DE FORMATEURS

Avant de s’engager dans l’accompagnement SpeechCraft, la communauté Toastmasters doit se sentir capable de fournir le service proposé. Pour cela, il faut tout d’abord recruter l’équipe de ceux qui animeront les ateliers de la formation. A minima, deux personnes sont nécessaires pour assister aux 6 séances de formation.

Ce tandem désignera l’un d’eux comme référent de la formation. Les deux personnes peuvent se déclarer comme sponsors du club. Elles recevront ainsi les unités de valeur requises pour l’obtention de degrés Toastmasters. La séance suivante a besoin d’au moins trois autres personnes. En effet, les formateurs tenant la plupart des rôles lors de ces séances, il faut une présence suffisamment nombreuse. Progressivement, ils s’effaceront devant les membres du nouveau club qui prendront progressivement tous les rôles d’une réunion.

Ainsi, lors des séances 3 et 4, une seule personne, en plus des deux permanents, est nécessaire. Les deux dernières séances, 5 et 6, ne demandent la présence que des deux permanents.

CONVAINCRE LES (FUTURS) RESPONSABLES DU CLUB

L’accompagnement SpeechCraft peut être payant. C’est souvent le cas pour les clubs d’entreprise. Il faut donc convaincre les décideurs de La valeur de cette formation. Pour cela, un argumentaire basé sur le billet précédent est un bon point de départ.

Ensuite, un embryon de bureau de club doit exister, car de nombreuses activités sont à réaliser dès le démarrage. Choisir une salle, rédiger les statuts de l’association et ouvrir un compte en banque concernent les clubs de ville. Attirer les invités et programmer les séances sont aussi importantes. Le nombre minimum pour ce bureau est de trois personnes, le nombre idéal étant de 5. Elles doivent rapidement maîtriser la méthode Toastmasters.

ÉLABORER LE PLAN DE LA FORMATION

Une fois le principe de SpeechCraft retenu par le club et l’ébauche du bureau constituée, le référent SpeechCraft peut s’attaquer à l’élaboration du plan détaillé de la formation[1]. En parallèle, il faut (faire) remplir le formulaire « Application to organize », accompagné d’un versement de $125, afin que le club acquière le statut “prospectif”, condition sine qua non pour enregistrer les sponsors.

Le client peut alors être facturé. Seuls les clubs, et non pas les individus, bénéficient des paiements liés à la formation SpeechCraft. C’est la règle Toastmasters. Il ne reste plus qu’à envoyer le support de formation (en français ou en anglais selon la langue pratiquée par le club).

BIEN PRÉPARER LES RÉUNIONS

Le référent prépare l’ordre du jour des premières réunions. Pour les premières séances, la programmation se fera “à la main ” sur un tableau Excel. Lors de la première séance, tous les rôles, sauf celui de chronométreur et des improvisateurs, sont remplis par les formateurs. A la séance suivante, les membres du club tiennent les rôles techniques et prononcent des discours. Les formateurs conservent les rôles d’évaluation et de maître de cérémonie.

Cinq minutes sont consacrées à la fin de chaque séance à préparer la réunion suivante. Tous les rôles sont distribués sur la base du volontariat.

UTILISER EASYSPEAK

Une étape importante de cette phase, une fois que le club a acquis le statut de prospectif et dispose d’un numéro de club, consiste à initialiser ses paramètres sur EasySpeak. Pour cela, il existe des commandes qui permettent de télécharger le profil des membres et les discours qu’ils ont déjà prononcés. Une fois cette opération réalisée, il convient de faire parvenir aux membres leur login ainsi qu’un mode d’emploi sommaire d’EasySpeak. La programmation des réunions s’effectuera ensuite avec EasySpeak plutôt qu’avec l’outil Excel.

Comme pour les réunions d’un club normal, il est utile d’envoyer, quelques jours avant la réunion, les principales instructions pour tenir les rôles avec des renvois sur la documentation, ainsi que la fiche d’évaluation du Briser la Glace (en français ou en anglais) de façon que les orateurs puissent enregistrer leur discours lorsque le club sera officialisé. La première fois, il peut être utile de leur donner le document “Un Toastmaster porte plusieurs casquettes” (en français et en anglais)

ASSURER LE SERVICE APRÈS VENTE

Le coaching du bureau se fait au fil de l’eau, avec une attention particulière portée au VP Formation afin qu’il maîtrise les fonctions nécessaires à la régulation de la programmation.

A la fin de la formation, le club devrait avoir atteint le seuil des 20 membres nécessaires pour être officiellement reconnu par Toastmasters. Il faut alors remplir les formulaires nécessaires pour cela et les envoyer à Toastmasters International. Un mentor du club continue le coaching du club pendant six mois. Ce n’est d’ailleurs pas obligatoirement un membre de l’équipe de formateurs. Il veille à la qualité des séances, en aidant le VP Formation à motiver les membres du club.

POUR ALLER PLUS LOIN

Créer de nouveaux clubs devrait être la mission d’un Toastmaster soucieux de faire profiter le plus grand nombre des bénéfices de la méthode. L’approche que nous avons présentée dans ces deux articles facilite la création de ces nouveaux clubs.

Si vous êtes vous-même intéressé(e) par la création d’un club, venez assister à une de nos réunions pour y rencontrer les membres qui participent à cette aventure. C’est ici.

[1] Pour accéder au document correspondant à ce lien, ainsi qu’aux documents suivants, il faut cliquer sur le lien en maintenant la touche Ctl enfoncée puis sur “Annuler”

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Communication Toastmasters

Comment accompagner efficacement la création d’un club Toastmasters? (1ère partie)

L’engouement actuel pour la prise de parole en public rend nécessaire d’accompagner efficacement la naissance de nouveaux clubs Toastmasters

L’éloquence est à la mode. En témoignent les nombreux films et émissions télévisées ou de radio consacrés à la prise de parole en public. Cela se traduit par un afflux de demandes d’adhésions à nos clubs Toastmasters et par la création de nouveaux clubs.

Pour accompagner la création de ces clubs, nous avons développé une approche que nous allons décrire dans cet article et le suivant.

LES DÉFIS D’UN NOUVEAU CLUB

Il y a quelque temps, 150 personnes étaient en attente d’une visite dans notre club l’Etincelle. Et pourtant aucune publicité particulière n’a jamais été faite en dehors du bouche à oreille. D’ailleurs, aux Etats-Unis, le berceau de Toastmasters, il existe un club pour 35.000 habitants en moyenne. Donc, dans un département comme le Val-de-Marne, il devrait y avoir 37 clubs. Or, il n’y en a qu’un seul aujourd’hui, à Créteil.

Le potentiel est donc immense et la question se pose sur la manière d’accompagner efficacement la naissance de nouveaux clubs. Car un nouveau club se doit d’atteindre rapidement le nombre optimal de 30 membres. En effet, ce nombre magique permet d’assurer une présence nombreuse aux réunions. Et que chaque membre présent puisse prendre au moins une fois la parole.

Or, quand un club démarre, ses premiers membres sont, en général, tous débutants et, à de rares exceptions, personne ne connaît bien les subtilités de la méthode Toastmasters. De ce fait, les réunions sont moins productives et attirent moins de nouveaux membres. Cela ralentit la croissance du club. Même la présence d’un ou deux membres expérimentés (« sponsors » dans le jargon Toastmasters) n’est souvent pas suffisante, comme en témoignent les longues années qu’ont mis les nouveaux clubs créés dans la région parisienne pour atteindre la masse critique.

UNE SOLUTION : SPEECHCRAFT

La solution que nous avons mise au point consiste à former à la méthode Toastmasters, en 6 séances, les premiers adhérents d’un club afin qu’ils soient capables, à leur tour, de former de nouveaux membres. Au cours de ces séances, ils apprennent à trouver des idées pour leurs discours, à les structurer, à improviser, à évaluer des orateurs et à utiliser le langage vocal et corporel. Ils apprennent aussi les rudiments de la gestion d’un club Toastmasters, en particulier pour établir le programme des séances. Cette formation est basée sur SpeechCraft, un produit dérivé de Toastmasters.

DES RÉSULTATS PROMETTEURS

Cette approche a été testée pour lancer trois nouveaux clubs d’entreprise, dans deux sociétés d’informatique et une entreprise spécialisée dans l’exploration pétrolière. Les résultats sont très positifs. L’un d’eux a rapidement atteint plus de trente membres et un de ses représentants est devenu, l’année suivante, le meilleur orateur de la région parisienne. Le deuxième, de son côté, avait déjà 23 membres, après trois mois seulement d’existence.

Si le 3ème club n’a pas réussi à décoller, il l’a dû à la faiblesse numérique de son bureau. Un club Toastmasters, en effet, ne fonctionne bien que s’il a un bureau solide avec, par exemple, un VP Formation pour la programmation des réunions, et un VP Relations Publiques qui accueille les invités. Ce club n’avait qu’une seule personne pour faire tout cela, ce qui est très insuffisant. A contrario, les deux autres clubs avaient dès le début 4 et 7 personnes respectivement dans leur bureau.

DE MULTIPLES RETOMBÉES

Les bénéfices de cette approche sont multiples. Tout d’abord, le club qui organise la formation peut faire payer sa prestation. Cette rémunération lui procure des ressources supplémentaires permettant d’améliorer son fonctionnement. De plus, les formateurs, tous membres bénévoles du club, y voient une nouvelle opportunité de pratiquer leurs talents oratoires devant un public différent des séances du club. Ils exercent ainsi des compétences éducatives leur permettant d’approfondir leur expertise. Enfin, l’accompagnement d’un club en formation permet l’obtention d’un certificat de la part de Toastmasters nécessaire pour recevoir le “graal” de DTM.

Pour le club en formation, cette formation permet d’édifier rapidement un environnement d’apprentissage de qualité. Et même si le club n’est pas créé, elle expose au moins une quinzaine de personnes à la méthode Toastmasters, leur permettant de progresser dans leur prise de parole en public pour s’inscrire éventuellement dans un autre club.

Dans le prochain article, nous allons décrire en détail les étapes de cet accompagnement à l’aide de SpeechCraft.

POUR ALLER PLUS LOIN

Vous voulez en savoir plus sur le fonctionnement d’un club Toastmasters? Venez donc assister à une de nos prochaines séances. C’est ici.

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Communication Psychologie Toastmasters

Evaluer sans blesser

Parler à la 1ère personne – avec un « message Je » – est une façon de critiquer sans démotiver

L’évaluation est la clé de voûte de la méthode Toastmasters. Mais, pour être efficace, elle doit apporter une critique constructive à l’orateur. Sans toutefois le blesser car il pourrait alors perdre sa motivation. Ainsi, un des moyens d’y arriver est le message Je.

Qu’est-ce que le message Je ?

“Tu as toujours le défaut de te dandiner quand tu prononces un discours”. Même si ce jugement part d’une bonne intention, celle de faire progresser l’orateur, ce dernier pourrait le ressentir comme une mise en accusation. Car c’est un message Tu, sous la forme “tu devrais” ou “tu ne devrais pas”.

Au contraire, le message Je exprime comment l’émetteur du message (ici l’évaluateur) voit les choses personnellement. Par exemple : “j’ai été perturbé par ton dandinement. Car cela a distrait mon attention et m’a empêché de me concentrer sur le contenu de ce que tu disais. Aussi, à la place, tu pourrais essayer de rester stable sur tes deux pieds”. De ce fait, l’évaluateur décrit comment il ressent le discours, et l’effet qu’il a sur lui, sans porter de jugement sur ce que l’orateur a fait ou n’a pas fait.

Selon le psychologue américain Thomas Gordon, le message Je améliore les relations interpersonnelles. D’après lui, le message Je sert par exemple à décrire le comportement inapproprié d’un enfant sans lui faire de reproche. De ce fait, le message Je est bien plus efficace pour motiver le changement de comportement que le message Tu.

EST-CE que ça marche ?

Afin d’étudier les effets du message Je, les chercheurs en psychologie sociale ont trouvé qu’il suscitait chez le récepteur du message moins d’émotions négatives et davantage de compassion et de coopération que le message Tu. De même, dans les conflits inter-personnels, le message Je signale que l’émetteur est prêt à communiquer son propre point de vue et qu’il est ouvert à la négociation.

D’autre part, les messages Je sont mieux mémorisés et déclenchent une plus grande réactivité émotionnelle. Également, dans les relations de couple, le message Je est associé à une meilleure capacité à résoudre les problèmes et à une plus grande satisfaction des partenaires. A l’inverse, la fréquence des messages Tu est liée à une moindre qualité de la relation.

comment préparer un messages je ?

Le message Je comporte 4 éléments :

  • D’abord une description du comportement problématique, le plus factuellement possible
  • Le ressenti de la personne face à ce comportement
  • Les  conséquences du comportement, en particulier comment il contrarie la satisfaction d’un besoin ou l’atteinte d’un objectif
  • Une proposition sous la forme d’une demande, d’un souhait ou d’un questionnement

Le tableau ci-dessous présente des exemples de message Je dans trois situations différentes :

  Évaluation de discours Relations conjugales Relations parent-enfant
Contexte L’évaluateur fait un retour sur le langage corporel de l’orateur L’un des partenaires est mécontent de faire le ménage Le parent s’inquiète des retards répétés de son enfant
Comportement problématique “Ton déplacement incontrôlé”(“dandinement”) “Je fais tout le ménage de la maison” “Le conseil de classe m’a fait part de tes retards répétés”
Ressenti “J’ai été distrait” “C’est injuste” “Je crains que tu ne sois exclu du lycée”
Conséquences “Cela m’a empêché de me concentrer sur le contenu du discours” “C’est important pour moi l’égalité dans le couple” “Cela va nuire à ta scolarité”
Proposition “Pourquoi ne pas rester stable ?” “Tu devrais m’aider” “Peut-on en parler ?”

 

Les applications du message je

Le message Je est utile chaque fois que l’on veut exprimer une critique ou une insatisfaction sans agressivité. En voici des exemples :

Pour une évaluation Toastmasters, le message Je peut prendre la forme suivante : ce que l’orateur a dit/fait, l’effet que j’ai ressenti, le pourquoi de cet effet et, enfin, une piste d’amélioration.

Au cours d’un échange commercial, par exemple avec le service client d’un fournisseur: “Je commence à perdre patience <ressenti du client>, Je n’aime pas les promesses non tenues <la raison du ressenti>, j’ai besoin de cet appareil en bon état de fonctionnement <conséquence/expression du besoin>”.

Dans le cadre d’un accompagnement d’insertion professionnelle, “Quand nous nous mettons d’accord à la fin d’une séance sur des actions et que, la séance suivante, je constate que ces actions n’ont pas été entreprises < comportement problématique>, je suis triste <le ressenti> parce que je me sens inutile <la conséquence du comportement>.

Le message Je joue également un rôle dans la résolution de conflit afin d’exprimer ses propres intérêts.

Pour aller plus loin

Le message Je permet d’exprimer son point de vue sans blesser. En cela, il est très utile dans les évaluations de discours. De fait, la pratique de l’évaluation permet d’entraîner cette compétence- clé utile dans bien d’autres situations.

Si vous voulez assister à ce type d’évaluation, venez participer à une de nos prochaines réunions. C’est ici.

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Communication Toastmasters

Un chercheur peut-il conquérir son public en moins de 3 minutes ?

La gagnante de “Ma thèse en 180 secondes” nous montre comment

Traitement du syndrome d’apnée obstructive du sommeil par pression positive continue : étude des données de télésurveillance pour comprendre l’impact des modifications du traitement et prédire les évènements aigus. Voilà un sujet de discours qui n’intéresse qu’une poignée d’experts, n’est-ce-pas ?

Pourtant, avec un tel sujet, Alphanie Midelet vient de remporter la finale française du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Ce concours permet aux doctorants de présenter leur sujet de recherche à un auditoire profane. Chaque étudiant ou étudiante doit faire, en trois minutes, un exposé clair, concis et convaincant sur son projet de recherche.

Dans ce billet, nous allons évaluer son discours selon la méthode Toastmasters et comprendre comment rendre accessible un sujet compliqué. Comme Alphanie va défendre les couleurs de la France pour la finale internationale à Montréal dans quelques mois, peut-être pourrons-nous lui donner quelques conseils pour s’améliorer et remporter la palme d’or.

guider l’auditeur pas à pas

Le premier défi que relève Alphanie Midelet est d’éviter de perdre son auditeur sur le chemin d’une explication compliquée. Pour cela, elle adopte une structure simple et efficace : un problème à résoudre (comment bien régler l’appareil d’apnée du sommeil), une solution (les algorithmes développés par la chercheuse) et les bénéfices (éviter les crises cardiaques).

Une structure simple prend par la main le public pas à pas. En plus, la jeune femme prend soin de disposer des poteaux indicateurs en chemin pour rappeler la structure.

Enfin, sa conclusion, en 5 secondes, résume le message.

captiver l’attention du public et la soutenir

La chercheuse rend son discours captivant grâce à une combinaison idéale de stylistique, de variété vocale et de gestuelle.

Sur le plan du style, elle file, tout au long de son propos, la métaphore météorologique qui est bien appropriée au sujet de la respiration. Quelques chiffres sur la maladie du sommeil ça et là rendent sa parole plus convaincante.

Elle utilise à merveille la prosodie des mots : par exemple “dormir en respirant, c’est important” en les scandant comme dans une ritournelle. Elle manie la variété vocale, comme quand elle imite l’enfant.

Enfin, elle se sert de ses mains à plusieurs occasions, pour évoquer l’apnée du sommeil et les voies aériennes qui se bouchent et pour évoquer les différentes catégories de patients. Cela lui permet d’enrichir son discours en l’accompagnant sur le plan non verbal.

quelques maladresses aisément rectifiables

Si la conclusion résume bien l’ensemble du discours, elle mériterait cependant d’être un peu moins scolaire et d’ouvrir des perspectives. Pourquoi pas une citation qui reprendrait la métaphore météorologique ?

Son débit de parole est parfois trop rapide. Cela nuit à la compréhension, comme par exemple le passage sur le cœur et son lien avec la respiration. Sans doute pressée par le temps, Alphanie a cherché à placer plus de mots. Au contraire, elle pourrait essayer d’en éliminer quelques-uns pour garder un débit suffisamment lent pour une bonne compréhension.

Enfin, ses mains en feuilles de vigne du début et de la fin ne sont pas des plus seyantes. Il serait préférable de laisser les bras tomber naturellement le long du corps

pour aller plus loin

Finalement, Alphanie démontre qu’un discours n’a pas besoin d’être long pour être clair et que même la science la plus compliquée peut être captivante. Nous lui souhaitons bonne chance pour la suite de la compétition.

En attendant, si vous aussi vous rêvez de raconter votre histoire en séduisant ceux qui vous écoutent, venez assister à l’une de nos réunions. Pour s’inscrire, c’est ici.

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Communication Psychologie Toastmasters

La gestion de soi ou comment devenir prix Nobel de littérature

La gestion de soi est une méthode simple utilisée par nombre d’écrivains pour soutenir leur motivation

Dans sa propriété de Key West, à la tombée du jour, l’écrivain inscrit le nombre de mots écrits dans la journée sur le graphique épinglé sous la tête de la gazelle ramenée d’Afrique. Les veilles de sortie en mer, il écrit davantage pour se sentir moins coupable de la journée passée loin de sa table de travail.

Ce maniaque n’est autre qu’Ernest Hemingway, prix Nobel de littérature et auteur prolifique. Il illustre la gestion de soi, cette capacité à contrôler son activité, ici l’écriture, pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé. La gestion de soi est particulièrement utile à l’écrivain dont la motivation est mise à rude épreuve, en particulier par les inévitables lettres de rejet des éditeurs qu’il reçoit au cours de sa carrière.

La gestion de soi repose sur trois piliers : objectif, observation et évaluation.

SE FIXER UN OBJECTIF AMBITIEUX

Comment savoir qu’on est arrivé si l’on n’a pas d’adresse ? Ainsi que les psychologues l’ont démontré, il y a longtemps déjà, il faut fixer un but à ses actions. En particulier, ils ont remarqué que plus l’objectif était audacieux, plus forte la motivation, plus grand l’effort déployé et, in fine, meilleur le résultat.

Pour cela, un but doit avoir trois caractéristiques : être très spécifique, ambitieux et borné par une échéance. Ainsi, l’auteur américain de best-sellers Irving Wallace se fixait un nombre hebdomadaire de pages à produire, proportionné au temps qu’il consacrait à l’écriture.

SAVOIR S’OBSERVER

Observer le comportement que l’on souhaite améliorer fournit l’information utile au progrès. Quels sont les obstacles qui s’opposent au but qu’on s’est fixé ? Dans quelles circonstances est-on plus ou moins performant ? En outre, observer permet de constater le succès des stratégies déployées et l’évolution vers le but. C’est ce que faisait Hemingway avec ses relevés quotidiens.

ÉVALUER DE MANIÈRE CONSTRUCTIVE

Évaluer, c’est critiquer son comportement de manière constructive et bienveillante. C’est se donner des conseils en vue de s’améliorer, souvent par petites touches. Hemingway avait remarqué en s’observant qu’il perdait du temps en reprenant le travail de la veille. Il eut l’idée de s’arrêter au milieu d’une phrase pour reprendre le lendemain sans retard à partir de cette phrase.

Pour ma part, quand j’écris un discours, j’ai pris l’habitude d’établir un plan détaillé. J’ai remarqué que cela libérait mon esprit en phase de rédaction.

Le cas échéant, l’évaluation permet d’adapter l’objectif s’il s’avère irréaliste ou de s’en fixer un plus ambitieux s’il est vite atteint.

POUR ALLER PLUS LOIN

Objectif, observation et évaluation, ce sont aussi les piliers de la méthode Toastmasters qui permet à nos membres de ne plus appréhender les prises de paroles en public. Intéressés ? Venez donc assister à l’une de nos soirées conviviales. C’est ici.

 

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Communication Toastmasters

Les enseignements des grands orateurs de l’Histoire: Cicéron

Pour Cicéron, l’immense orateur latin, l’éloquence fut le moyen d’accéder aux plus hautes fonctions de la République romaine

Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? » Dans l’enceinte du Sénat romain, ces mots de Cicéron résonnent comme un glas. Ils convaincront les sénateurs romains de mettre fin aux conjurations de Catilina.

Dans cet article, nous poursuivons avec Cicéron, l’un des hommes politiques les plus célèbres de l’Antiquité, la série des portraits de grands orateurs de l’Histoire. Son éloquence réputée lui aura permis de s’extraire de sa condition relativement modeste. Et aussi de défendre la République romaine contre les coups de ses adversaires.

PREMIÈRES ARMES

Cicéron naît dans une famille de la petite bourgeoisie latine . C’est pourquoi l’aristocratie romaine niera sa légitimité pour embrasser une carrière politique d’envergure. Quelques mois d’un service militaire déplaisant le dégoûtent du métier des armes. Par là, il se démarque de son contemporain Jules César dont plusieurs membres de la famille étaient déjà d’éminents praticiens et qui se couvrit de gloire dans ses campagnes militaires.

Dans sa jeunesse, Cicéron étudie le droit, la philosophie et la rhétorique. Un de ces maîtres, Philon de Larsa, lui enseigne, dans la tradition des penseurs grecs, que c’est en opposant les points de vue que surgit la vérité. Il commence alors une carrière d’avocat. Son éloquence lui fait gagner des procès rendant ainsi ses clients redevables pour se constituer un solide réseau d’influence.

Le fait d’arme qui le rend célèbre est le procès contre Verrès. Ancien propréteur de Sicile, ce dernier a trempé dans des affaires de corruption et de pillage d’œuvres d’art. La plaidoirie de Cicéron est si brillante que son adversaire, que défend pourtant le plus grand orateur de l’époque, s’enfuit à Marseille pour échapper à une condamnation certaine.

L’HOMME POLITIQUE

A 30 ans, l’âge minimum légal, il entame le “cursus honorum”, pour accéder aux plus importantes magistratures publiques. D’abord questeur, puis édile, il devient consul, le poste le plus élevé dans la République romaine. Il est le premier “homo novus” (homme nouveau, c’est-à-dire n’ayant aucun magistrat dans sa famille) à exercer cette charge. Ce parcours politique brillant n’a bénéficié d’aucun autre appui que son prestige d’avocat et d’orateur. L’éloquence a constitué, en quelque sorte, son “ascenseur social”.

Cicéron était-il cet orateur pompeux décrié par Montaigne qui disait de lui : “[sa] pratique oratoire …, c’est l’art de faire des grands souliers pour un petit pied”? Au contraire, son apport à l’art rhétorique est, néanmoins, immense.

LE THÉORICIEN DE L’ÉLOQUENCE

Pour la postérité, Cicéron est d’abord un théoricien dont les traités d’éloquence ont traversé les époques jusqu’à nous. Comme le De Inventione, sur la composition de l’argumentation, ou le De Oratore, sur l’art oratoire en général. Il a ainsi défini les conditions pour que l’homme de parole, mêlant habileté politique et rhétorique, inspire le gouvernement de la cité.

Pour lui, un grand orateur doit occuper une place de premier plan dans cette cité, plus éminente que les militaires. Sa devise était d’ailleurs “Que les armes le cèdent à la toge”. A cette fin, le (bon) discours a trois fonctions complémentaires: instruire en prouvant ce qu’on affirme, plaire pour se concilier la bienveillance de l’auditoire et émouvoir pour éveiller les émotions utiles à la cause.

Il a, en particulier, codifié l’“inventio”, ce moment, dans l’élaboration d’un discours, où l’orateur recherche les idées pour chacune des parties de sa prise de parole que sont l’exorde, la narration, la division, la confirmation, la réfutation et la conclusion. Par exemple, l’exorde, dont dépend le succès de tout le discours, doit, selon Cicéron, capter l’attention des auditeurs sur le sujet présenté, concilier leur bienveillance et montrer que l’intérêt du public rejoint celui de l’orateur.

ENCORE D’ACTUALITÉ DE NOS JOURS

De tels objectifs sont ceux de l’introduction d’un discours moderne bien structuré, telle qu’on l’enseigne chez Toastmasters. A cet égard, Cicéron peut être considéré comme l’inventeur du concept de convenance, cette capacité de l’orateur à adapter son discours aux circonstances, car, pour lui, le bon rhéteur ne doit pas s’adresser à tout le monde de la même façon.

Cicéron fut aussi un praticien, qui prononça 150 discours marquants en 40 ans de carrière. Chez Toastmasters, il aurait pu donc être 4 fois DTM1DTM : Distinguished Toastmaster. C’est le plus haut niveau atteint par un adhérent. ! Avec ses élèves, il se livrait à des exercices oratoires sur des thèmes d’actualité, sans doute proches des Table Topics™ de Toastmasters.

POUR ALLER PLUS LOIN

Cicéron représente donc la quintessence de l’éloquence latine. Son expertise lui a permis de gravir un à un les échelons de la République romaine. Malheureusement, les armes ont eu raison de lui puisqu’il mourut assassiné à l’âge de 63 ans, sur ordre de son ultime ennemi, Marc-Antoine.

Il n’en reste pas moins que sa gloire d’orateur a traversé les siècles. Voulez-vous rencontrer les Cicérons de demain? Venez donc assister à une réunion Toastmasters. C’est ici.